Béru, Satoshi et le Mystère du Biffeton Fantôme
Frédéric Dard, interpellé là où il est par la qualité de l’ouvrage L’élégance de Bitcoin, de Ludovic Lars, nous en fait l’éloge. Je vous la relaye, ayant le privilège d’avoir maintenu le contact….
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Bitcoin, le bifton qui s’est fait tout seul
Bitcoin, c’est un drôle de môme. Un bifton numérique qui n’a jamais humé l’encre ni glissé dans la doublure d’une poche, mais qui parade quand même comme un caïd sûr de son code. Une monnaie qui circule sans demander « s’il vous plaît », et qui envoie valser les tamponneurs officiels du fric — ceux qui gonflent la monnaie comme des pneus de vélo et t’expliquent ensuite que c’est pour ton bien.
Dans L’Élégance de Bitcoin, on nous le rappelle bien : depuis 2008, ce truc déclenche passions, insultes, fantasmes et contresens. Pour certains, c’est la ruée vers l’or 2.0. Pour d’autres, le paradis des truands. Pour les derniers, le futur en marche. Mais derrière tout ce tapage, il y a un machin qui tient la route comme un pont en béton armé : une monnaie rare, neutre, incorruptible, résistante. Une monnaie qui ne demande pas la permission pour exister.
Et pour comprendre la bête, faut décortiquer ses fondamentaux. Pas ceux qu’invente un ministre entre deux plateaux TV. Les vrais. Ceux qui rendent Bitcoin aussi solide qu’un coffre sans serrure.
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La rareté — la règle d’airain
Bitcoin, c’est pas de la pâte à crêpe. On n’en rajoute pas quand il manque une louche. C’est 21 millions, pas un de rab’. Dans un monde où l’on crée de la monnaie comme on imprime des prospectus, cette rareté est un étranglement volontaire, un carcan assumé. Satoshi l’a gravée dans le code : ni banquier, ni État, ni consortium ne peut toucher à cette limite. Rigueur militaire. Discipline d’adjudant-chef.
Dans L’Élégance de Bitcoin, on parle de « rareté programmée ». Un truc que les vieux systèmes monétaires ont rêvé sans jamais réussir. Ici, pas d’impression nocturne, pas de quantitative easing sous la table. Le robinet est fermé à clé. Et la clé est perdue pour de bon.
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La neutralité — pas de maître, pas de piston
Bitcoin, c’est une monnaie qui ne t’appelle pas « monsieur », « madame » ou « contribuable ». Elle se fout de ta tête, de ton pays, de ta généalogie bancaire. Tu veux échanger ? Tu échanges. Pas de banquier ventripotent pour vérifier si t’as bien rempli la case 12C-bis. Pas de guichet fermé le lundi pour « raison exceptionnelle ».
C’est du pair-à-pair pur, brut, sans gras. L’Élégance de Bitcoin insiste là-dessus : Bitcoin est sans permission. Une monnaie sans piston, c’est rare comme un ministre sobre. Et c’est précisément ce qui crée son charme rugueux : impossible de trafiquer, d’exclure, de fermer la porte à quelqu’un. Bitcoin ouvre sa gueule, mais jamais sur un refus.
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Transparence et intégrité — la compta gravée au burin
Chaque transaction est inscrite dans un registre public. Pas public façon mairie, avec tampons, retards et placards poussiéreux. Public façon pierre numérique indestructible.
L’Élégance de Bitcoin parle d’un « registre immuable ». Une transaction en bitcoin, c’est une ligne de vérité. On peut la lire, la vérifier, la scruter. Mais la gommer ? Jamais. Pour trafiquer Bitcoin, faudrait bourrer un océan de machines, tromper une armée de nœuds, renverser un protocole entier. Si t’essayes, tu te fais broyer.
C’est de la comptabilité qui ne triche pas. Le rêve humide des contrôleurs, l’enfer des magouilleurs.
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Résistance à la censure — essaye donc pour voir
Bitcoin, c’est un savon de caserne : tu veux le saisir, il te file entre les doigts. Les États peuvent bien voter des lois, hurler à la fraude, lever des barrières, rien n’y fait. Tant qu’un péquenot laisse tourner un ordinateur dans un garage, le réseau vit.
Dans ses chapitres sur les débuts, L’Élégance de Bitcoin raconte bien comment le réseau, même famélique à ses premières heures, était déjà un teigneux : décentralisé, réplicable, increvable. Tu peux fermer une porte, il passe par la fenêtre. Tu peux couper une branche, il repousse ailleurs. Essaye de censurer un protocole dont aucun cerveau ne contrôle l’ensemble : bonne chance.
Bitcoin, c’est le Jenny l’Éclair de la finance.
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Divisibilité et portabilité — le magot dans la poche
Un bitcoin, ça se découpe en cent millions de miettes. Le satoshi, c’est le grain de sable qui te permet de payer des cacahuètes en monnaie dure. Et pour transporter ton magot ? Une clé privée, douze mots, un bout de cervelle suffisent.
Avec Bitcoin, tu pars à l’autre bout du monde avec l’équivalent d’un coffre-fort dans la tête. Ni détecteurs, ni fouilles, ni valises blindées. Un code, et basta.
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Durabilité — le fric qui ne s’use pas
Bitcoin ne jaunit pas, ne se déchire pas, ne brûle pas. Tant qu’un seul nœud reste allumé sur Terre, il survit. C’est un réseau antifragile : plus on le maltraite, plus il se blinde.
Ce n’est pas une monnaie de papier, ni un compte bancaire qu’on gèle d’un clic. C’est une bête qui se nourrit de redondance et qui rit aux tentatives de sabotage.
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Conclusion — Bitcoin, le fric qui ne plie pas
Bitcoin, c’est de la monnaie saine, mais avec l’insolence d’un truand tiré à quatre épingles. Une rareté qui ne cède pas, une neutralité qui ne connaît ni amis ni ennemis, une intégrité qui ne s’altère pas, une résistance qui ne plie pas, une portabilité qui ridiculise les douanes, une durabilité qui fait passer l’or pour un vieillard.
C’est le fric qui se tient droit, celui qui refuse d’être truqué, contrôlé, dilué. Une brute élégante, un anarchiste poli, un franc-tireur numérique.
Bitcoin te regarde en coin et te dit :
« Moi, mon pote, je dors pas, je mens pas, je plie pas. Tu veux me comprendre ? Va falloir te lever tôt. »
F. Dard